Peut-on mourir du cancer de la prostate ? Les chiffres et la nuance clé à comprendre

Posons la question franchement, car c’est sans doute celle qui vous amène ici, chargé d’inquiétude : peut-on mourir du cancer de la prostate ?

La réponse directe est oui.

En France, il s’agit de la troisième cause de décès par tumeur chez l’homme. Au niveau mondial, l’Agence internationale de recherche sur le cancer (IARC) le classe comme le cinquième cancer le plus meurtrier pour les hommes. Ces chiffres sont sérieux et valident la gravité de l’inquiétude.

Mais ces statistiques brutes masquent une réalité bien plus nuancée, presque paradoxale.

Car si ce cancer est le plus fréquent chez l’homme (plus d’un homme sur sept sera diagnostiqué au cours de sa vie), l’immense majorité d’entre eux n’en mourront pas. Le pronostic global est, en réalité, très favorable.

Le véritable enjeu n’est pas de savoir si l’on peut en mourir, mais de comprendre quand il est dangereux et pourquoi, dans la plupart des cas, il ne l’est pas. La clé réside dans une distinction fondamentale que nous allons clarifier : la différence entre « mourir avec » et « mourir de » ce cancer.


Les infos à retenir (si vous n’avez pas le temps de tout lire)

  • 📈 Pronostic très favorable : Le taux de survie nette à 5 ans, tous stades confondus, est excellent, se situant autour de 91 % à 93 %.
  • 🤔 La nuance vitale : La majorité des hommes diagnostiqués meurent « avec » un cancer de la prostate (d’une autre cause, comme la vieillesse) et non « du » cancer de la prostate.
  • 🚨 Quand est-il mortel ? Le danger survient quasi exclusivement lorsque le cancer est agressif et/à un stade avancé (métastatique), c’est-à-dire quand il s’est propagé hors de la prostate.
  • 🔬 Formes « endormies » : De nombreuses tumeurs sont « indolentes » (à croissance très lente) et ne nécessitent pas de traitement immédiat, mais une « surveillance active ».
  • Rarement une urgence : Contrairement à d’autres cancers, celui de la prostate évolue souvent lentement, laissant le temps de choisir la bonne stratégie.
  • 🦴 Symptômes avancés : Les signes d’un cancer mortel (douleurs osseuses, fractures) n’apparaissent qu’en phase terminale. Les stades précoces n’ont aucun symptôme.

Illustration de la lutte contre le cancer

Quel est le taux de survie du cancer de la prostate ? (La réponse chiffrée)

Le premier élément qui doit rassurer est le chiffre de la survie.

Quand on parle de « survie nette à 5 ans », on évalue le pourcentage de personnes qui seront encore en vie 5 ans après le diagnostic, par rapport à des personnes du même âge sans la maladie.

Pour le cancer de la prostate, ce taux est d’environ 91 % à 93 % (selon les sources canadiennes et françaises).

Ce chiffre, qui mélange tous les stades de la maladie, est extrêmement élevé. Il signifie que la découverte d’un cancer de la prostate est, dans la très grande majorité des cas, loin d’être une condamnation.

Cette haute survivabilité s’explique par deux facteurs :

  1. L’efficacité des traitements (chirurgie, radiothérapie, hormonothérapie) lorsqu’ils sont nécessaires.
  2. L’évolution très lente d’une grande partie de ces cancers, que nous allons voir maintenant.

Le risque de mourir du cancer de la prostate est donc statistiquement faible pour la majorité des hommes diagnostiqués, en particulier lorsque la maladie est détectée à un stade précoce.

La différence cruciale : mourir « avec » ou « du » cancer de la prostate

Comment ce cancer peut-il être à la fois la 3e cause de mortalité par cancer et avoir un taux de survie de plus de 90 % ?

Ce paradoxe s’explique par une notion médicale fondamentale : la différence entre « mourir avec » et « mourir de ».

Mourir « avec » un cancer de la prostate (le cas le plus fréquent)

Le cancer de la prostate est souvent une maladie à évolution très lente, dite « indolente ».

Prenons un exemple concret :
Un homme de 72 ans est diagnostiqué avec une petite tumeur localisée et peu agressive. Ses médecins peuvent décider d’une « surveillance active ». La tumeur progresse si lentement (ou pas du tout) que cet homme décédera 15 ans plus tard, à 87 ans, d’un AVC ou d’une crise cardiaque.

Cet homme est mort avec son cancer de la prostate, mais il n’est pas mort à cause de lui.

C’est le scénario de très nombreux hommes. La maladie est présente, mais elle n’impacte ni leur qualité de vie ni leur longévité.

Mourir « du » cancer de la prostate (le cas le plus rare)

Mourir du cancer de la prostate survient lorsque la tumeur est agressive.

Dans ce cas, les cellules cancéreuses se multiplient rapidement, deviennent incontrôlables, quittent la prostate pour envahir d’autres parties du corps (principalement les os et les ganglions lymphatiques). C’est ce qu’on appelle les métastases.

C’est cette dissémination (le stade 4, ou métastatique) qui cause les complications graves, l’affaiblissement du corps et, à terme, le décès.

Toute la stratégie médicale moderne vise à identifier dès le diagnostic à quel type de cancer on a affaire, pour ne traiter agressivement que ceux qui le méritent.

Quand le cancer de la prostate devient-il mortel ?

Vous l’aurez compris, le risque de mortalité ne dépend pas du simple diagnostic, mais de deux facteurs : l’agressivité de la tumeur et son stade d’évolution.

Les médecins évaluent ce risque grâce à plusieurs outils, notamment le score de Gleason (qui note l’agressivité des cellules vues au microscope) et la stadification TNM (qui évalue la taille et l’extension de la tumeur).

Pour simplifier, voici les trois grands scénarios et le risque associé.

Type de Cancer Risque de Mortalité Stratégie Médicale Courante
Cancer localisé (faible risque)
(Tumeur petite, score de Gleason bas)
Très faible. C’est le cas typique où l’on risque de mourir avec. Surveillance active (monitoring par PSA, biopsies régulières) sans traitement immédiat.
Cancer localisé (risque élevé)
(Tumeur agressive, score de Gleason élevé)
Modéré. C’est un cancer qui risque de progresser s’il n’est pas traité. Traitement curatif (Chirurgie, radiothérapie) pour l’éliminer avant qu’il ne s’échappe.
Cancer métastatique (Stade 4)
(Tumeur étendue aux os, ganglions…)
Élevé. C’est le seul stade où l’on peut mourir du cancer de la prostate. Traitements systémiques (Hormonothérapie, chimiothérapie) pour ralentir la progression et gérer les symptômes.

Que se passe-t-il si on ne traite pas un cancer de la prostate ?

Cette question est la suite logique de ce que nous venons de voir. Et la réponse dépend, encore une fois, du type de cancer.

Scénario 1 : On ne traite pas un cancer indolent (surveillance active)

C’est une décision médicale fréquente et sécurisée. « Ne pas traiter » ne signifie pas « ne rien faire ». C’est une surveillance très encadrée.

Le patient effectue des dosages de PSA réguliers et parfois des biopsies de contrôle. Si la maladie montre des signes d’agressivité, les médecins proposent alors un traitement curatif. Pour beaucoup d’hommes, ce moment n’arrive jamais.

Scénario 2 : On ne traite pas un cancer agressif

C’est là que réside le danger. Si un cancer identifié comme agressif (score de Gleason élevé) n’est pas traité, il va très probablement continuer sa progression.

  1. Il va d’abord envahir localement la prostate.
  2. Puis il va la perforer pour atteindre les tissus voisins. En tant qu’organe clé du système urinaire de l’homme, son invasion peut toucher la vessie ou les vésicules séminales.
  3. Enfin, il va métastaser (se propager) via le sang et la lymphe, le plus souvent vers les os.

Dans ce cas, le risque de mourir du cancer de la prostate est réel et augmente avec le temps.

Illustration de la lutte contre le cancer

Quels sont les signes d’un cancer de la prostate en phase avancée ?

L’une des difficultés de ce cancer est son silence. Aux stades précoces (1 et 2), il ne provoque absolutely aucun symptôme.

Les symptômes n’apparaissent qu’à un stade avancé, voire terminal. Ces signes sont le plus souvent liés aux métastases, en particulier osseuses :

  • Des douleurs osseuses persistantes, souvent localisées dans le dos (lombaires), les hanches ou le bassin.
  • Des fractures qui surviennent après un traumatisme minime, car l’os est fragilisé par la tumeur.
  • Une compression de la moelle épinière (urgence médicale) si une métastase se place sur une vertèbre et comprime les nerfs, pouvant causer une faiblesse dans les jambes ou une paralysie.
  • Une fatigue extrême et une perte de poids inexpliquée.

Il est bon de répéter que ces symptômes ne sont pas spécifiques au cancer de la prostate, mais leur apparition chez un patient diagnostiqué doit alerter immédiatement.

Alors, pour revenir à la question initiale : peut-on mourir du cancer de la prostate ?

Oui. Les statistiques le montrent, c’est une cause de décès significative (la 3ème par cancer chez l’homme). Mais ce n’est absolument pas le scénario le plus probable. La grande majorité des hommes (plus de 90 %) diagnostiqués avec cette maladie y survivront.

Le pronostic est excellent pour les formes localisées. Le vrai défi est de faire la différence entre les tumeurs « endormies », qu’il faut simplement surveiller, et les tumeurs « agressives », qu’il faut traiter vite et fort. Comprendre cette nuance est la première étape pour aborder le diagnostic sans panique et discuter sereinement de la meilleure stratégie avec votre équipe médicale.


Questions fréquentes

Le cancer de la prostate est-il toujours agressif ?
Non, loin de là. Une grande proportion des cancers de la prostate sont dits « indolents », c’est-à-dire qu’ils évoluent très lentement, voire pas du tout, et ne menacent pas la vie du patient. C’est pourquoi la « surveillance active » est souvent proposée.

Quel est le pronostic d’un cancer de la prostate stade 4 (métastatique) ?
C’est le stade le plus grave, où la guérison n’est généralement plus possible. Le taux de survie nette à 5 ans pour un cancer de la prostate au stade 4 chute (autour de 41 %). Cependant, les traitements actuels, comme l’hormonothérapie, sont très efficaces pour ralentir la maladie, contrôler les symptômes et maintenir une bonne qualité de vie pendant de nombreuses années.

À quel âge faut-il s’inquiéter du cancer de la prostate ?
Ce cancer est rare avant 50 ans. Le risque augmente nettement avec l’âge (la plupart des diagnostics surviennent après 65 ans). Il n’y a pas de dépistage systématique organisé en France, mais il est conseillé d’avoir une discussion avec votre médecin traitant à partir de 50 ans (ou 45 ans en cas d’antécédents familiaux). C’est aussi à cette période que d’autres questions de santé masculine, comme la durée de l’andropause, deviennent pertinentes.

L’alimentation a-t-elle un impact sur la santé de la prostate ?
Oui, l’alimentation joue un rôle dans la santé prostatique globale. Si aucun aliment ne peut « guérir » un cancer, une alimentation saine est recommandée. Des questions se posent d’ailleurs souvent sur des aliments spécifiques, comme le rôle de la banane sur la prostate.

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