« Peut-on mourir avec un pacemaker ? » C’est une question angoissante, que se posent des millions de porteurs et leurs familles. Si vous tapez cette question dans un moteur de recherche, il est même possible que Google vous propose une ligne d’écoute psychologique, tant il perçoit l’anxiété derrière ces mots.
Mais votre question n’est pas d’ordre psychologique. Elle est médicale, légitime, et technique.
Et la réponse est oui, absolument.
Un pacemaker n’a jamais été conçu pour empêcher la mort. Il est conçu pour corriger un symptôme (un cœur trop lent) et améliorer la qualité de vie. L’angoisse des patients cache en fait deux questions distinctes :
- Est-ce que l’appareil peut causer ma mort (une panne, une complication) ?
- Est-ce qu’il va empêcher ma mort (une prolongation artificielle, des chocs en fin de vie) ?
Mettons les choses au clair, en séparant les mythes de la réalité médicale.
Les infos à retenir (si vous n’avez pas le temps de tout lire)
- ✅ La réponse est OUI : On peut (et on va) mourir avec un pacemaker. Il n’est pas conçu pour empêcher la mort naturelle.
- 🚫 Mythe n°1 (La Crise Cardiaque) : Un pacemaker n’empêche PAS un infarctus. Il gère l’électricité (rythme lent), pas la « plomberie » (artères bouchées).
- ⚡ Mythe n°2 (La Confusion) : L’angoisse de la « mort artificielle » vient souvent d’une confusion. Ne confondez pas un Pacemaker (qui stimule un cœur lent) avec un Défibrillateur (DAI) (qui choque un cœur rapide).
- 📉 Le Risque de Panne : Le risque de mourir à cause d’une défaillance du boîtier ou des sondes est infime. La mortalité liée à l’extraction ou au remplacement des sondes, par exemple, est inférieure à 1%.
- 🕊️ La Fin de Vie : En fin de vie, le corps s’éteint pour d’autres raisons (infection, défaillance d’organes). Le cœur devient simplement trop faible pour répondre aux impulsions électriques du pacemaker. Cette défaillance multi-organes peut notamment inclure l’œdème pulmonaire, une complication fréquente de l’insuffisance cardiaque avancée.

Peut-on mourir à cause d’un pacemaker ? (Les Risques Réels)
C’est la première peur : « et si l’appareil tombe en panne ? ».
Soyons transparents : l’implantation d’un stimulateur cardiaque reste une intervention chirurgicale, et il existe des risques, comme pour toute procédure.
- Complications à la pose : Les complications majeures sont rares, mais existent. On parle par exemple de pneumothorax (environ 3,8% des cas) ou de délogement de la sonde (jusqu’à 8% des cas, nécessitant une reprise).
- Infection : C’est un risque faible (autour de 1-2%) mais sérieux, qui peut nécessiter le retrait complet du matériel.
- Panne de l’appareil : C’est l’angoisse principale, et la plus improbable. Les boîtiers sont extrêmement fiables. Le composant qui s’use est la batterie (pile). Cette usure est très lente et prévisible. Elle est surveillée en permanence (par télésurveillance ou visites régulières) et le remplacement du boîtier est planifié des mois à l’avance, bien avant la panne.
Le risque de mourir subitement d’une panne de pacemaker est donc exceptionnellement bas.
L’Erreur n°1 : Confondre Pacemaker et Défibrillateur (DAI)
C’est le cœur de l’incompréhension. La plupart des gens imaginent le pacemaker comme un appareil qui envoie des chocs violents pour « réanimer » le cœur. C’est faux.
Cette confusion provient du Défibrillateur Automatique Implantable (DAI). Les deux appareils se ressemblent, mais n’ont rien à voir.
| Caractéristique | Pacemaker (Stimulateur) | Défibrillateur (DAI) |
|---|---|---|
| Problème traité | Un cœur trop lent (Bradycardie) | Un cœur trop rapide ou chaotique (Tachycardie, Fibrillation) |
| Action | Envoie de faibles impulsions pour accélérer (stimulation) | Envoie un choc électrique puissant (défibrillation) |
| Sensation | Indolore, non ressentie par le patient | Douloureuse (décrit comme un « coup de pied » dans la poitrine) |
| Objectif | Améliorer le confort et la qualité de vie | Sauver la vie d’une mort subite |
Une grande partie de l’angoisse de la « mort artificielle » vient de la confusion avec le DAI. Car oui, un DAI peut délivrer des chocs inappropriés ou douloureux en fin de vie, ce qui justifie une discussion sur sa désactivation en soins palliatifs. Un pacemaker, lui, ne choque pas.
Le Mythe n°2 : Le pacemaker empêche-t-il la crise cardiaque ?
C’est la deuxième erreur la plus fréquente.
La réponse est non, absolument pas.
Il faut voir le cœur comme une maison :
- Un pacemaker gère le système électrique (le rythme, l’interrupteur).
- Une crise cardiaque (infarctus) est un problème de plomberie (une artère coronaire qui se bouche).
Votre pacemaker peut fonctionner parfaitement, envoyer ses impulsions à un rythme régulier, pendant qu’une de vos artères est en train de se boucher. L’un n’empêche pas l’autre.
En réalité, des études (comme celle de de C Müller) ont montré que plus de la moitié des patients porteurs de pacemaker finissent par décéder de leur pathologie cardiaque initiale (comme l’insuffisance cardiaque ou un infarctus), et non d’un problème de rythme. D’ailleurs, vivre longtemps avec des stents montre que la durabilité dépend avant tout du contrôle des facteurs de risque cardiovasculaires.

La vraie question : que se passe-t-il en fin de vie ?
Nous arrivons au cœur de votre angoisse : « le pacemaker va-t-il m’empêcher de mourir naturellement ? », « Vais-je être maintenu en vie artificiellement ? ».
C’est le mythe le plus tenace. Et la réponse médicale est claire : le pacemaker n’empêche pas de mourir.
En fin de vie, une personne ne décède que très rarement d’un arrêt « électrique » pur. La mort est un processus global. Elle survient à la suite d’une défaillance générale :
- Une infection grave (sepsis).
- Une défaillance des reins.
- Une embolie pulmonaire.
- Une insuffisance respiratoire.
- L’évolution d’un cancer.
Dans ce contexte, le pacemaker continue d’envoyer ses faibles impulsions électriques. Mais le muscle cardiaque lui-même, épuisé et privé d’oxygène par la défaillance globale des autres organes, devient incapable de répondre. Il n’a tout simplement plus la force de se contracter.
Le cœur ne s’arrête pas parce que le pacemaker tombe en panne. Le cœur s’arrête malgré le pacemaker. Le pacemaker ne maintient personne en vie artificiellement ; il ne peut pas forcer un muscle cardiaque défaillant à battre.
Finalement, la question n’est pas de savoir si l’on peut mourir avec un pacemaker, mais de comprendre qu’on va mourir avec, le moment venu. Cet appareil n’est pas un bouclier contre la mort, mais un outil formidable pour la vie. Il est implanté pour vous offrir des années de confort, de mobilité et de qualité de vie en traitant un symptôme (la lenteur du cœur), et non pour traiter la mortalité.
FAQ
Q1 : Quelle est la durée de vie d’un pacemaker ?
La durée de vie de la pile (batterie) du boîtier est généralement de 7 à 12 ans. L’usure est très lente et surveillée de près (souvent par télésurveillance). Quand la pile arrive en fin de vie, on planifie une intervention simple (sous anesthésie locale) pour remplacer uniquement le boîtier. Les sondes, elles, restent en place, souvent à vie.
Q2 : Peut-on réanimer quelqu’un (massage cardiaque, défibrillateur externe) qui a un pacemaker ?
Oui, absolument. Si une personne porteuse de pacemaker fait un arrêt cardiaque, les gestes de premiers secours sont les mêmes. La seule précaution est de ne pas coller les patchs du défibrillateur externe (DVA) directement sur le boîtier (il faut les décaler de quelques centimètres).
Q3 : Est-ce qu’on souffre quand on meurt avec un pacemaker ?
Non. Le pacemaker n’ajoute aucune souffrance à la mort naturelle. Comme expliqué, en fin de vie, le cœur devient trop faible pour répondre aux signaux, qui sont de toute façon indolores. La question de la souffrance est liée à la maladie principale (cancer, insuffisance respiratoire…), et est gérée par les soins palliatifs, indépendamment du stimulateur.
